mercredi 24 septembre 2008

La carte ne date pas d’hier


Les levées de la carte de « Nossi Be et îles environnantes » vendue par le SHOM en France datent des années 1880 ; elles sont signées de deux valeureux sous-ingénieurs hydrographes, à bord de la " Tirailleuse". Tout un programme, dans ce nom ! La gravure d’époque, tout en grisé, est superbe. Le cartouche confesse que les levées du Port Radama datent de 1824, et sont dues à Messieurs les Anglais.
Un autre drapeau s'est levé, tant mieux, mais le corail a poussé depuis, ce qui est un inconvénient. Les phares se sont éteints, comme celui de Nosy Tanikely. Les rivières ont craché des monceaux d'alluvions. De nouveaux villages, de nouveaux "arbres remarquables" ont poussé.

Autre inconvénient, le méridien qui sert de base à la longitude de ces vielles cartes est encore le méridien de Paris – ce qui n’est guère commode, même si cela rappelle aux amateurs de Tintin le "Trésor de Rackham le Rouge".
( Tintin : Capitaine, nous sommes des ânes !...
Capitaine Haddock : Que voulez-vous dire ?...
Tintin : Voyons, capitaine, le méridien par rapport auquel vous avez compté les degrés de longitude, c'est naturellement le méridien de Greenwich ?...
Capitaine Haddock : évidemment, ce n'est pas celui de Tombouctou !
Tintin : Attendez ! Le chevalier de Hadoque, lui, a certainement compté en prenant comme méridien d'origine le méridien de Paris, qui est situé à plus de deux degrés à l'est du méridien de Greenwich !...
Capitaine Haddock : Mille sabords ! vous avez raison ! Comment n'y avons-nous pas songé plus tôt ?... Nous avons donc été trop loin vers l'ouest !... Il faut rebrousser chemin !
).
A l’heure du GPS ce détail n’est pas un gros souci.
Il existe d’autres cartes, plus récentes, qui servent aux excursions mélant ballades terrestres et croisières. Elle sont plus précises, en couleurs, et réalisées d'après des photos aériennes prises en 1955. Elles sont seulement disponibles sous la forme de photocopies couleurs à commander à l’institut géographique de Madagascar, à Tananarive.

samedi 6 septembre 2008

Tous Wera-wera, les marins


Il semble que la particularité des gens de bateau du monde entier, mais de ceux du Nord de Madagascar en particulier, soit d’être « wera-wera », c'est-à-dire un peu vantards.
La photo ci-contre, -le loch électronique de notre catamaran affichant un tranquille 14 noeuds au vent arrière- est une bonne illustration de ce coté vantard, grande gueule.
C’est pas mal du tout, 14 noeuds, 26 km/h, pour un voilier ; sur un monocoque on est contents dès 6 nœuds, et on tombe en extase à 10. Naturellement, quand l’autre soir, au bistro de Madame Senga à Madirolely je mentionnais cette vitesse de 14, voire 15 noeuds, courue pendant plus d’une heure, je trouvai plus wera-wera que moi. Mon ami Nicolas assure que les plus longues pirogues malgaches sont chronométrées au GPS à plus de 16 noeuds ; et les grands catamarans Wharram comme le nôtre sont censés atteindre des vitesses de 18 noeuds, (soit 33 km/h). Il parle d’autorité et je veux le croire car il a créée voici 15 ans la remarquable entreprise ALEFA, qui organise des périples en pirogues et à bord d’un boutre, et qu’il est aussi un passionné de Wharrams. (son site : www.pirogue-madagascar.com).

jeudi 4 septembre 2008

N’oubliez pas Roger, s’il vous plaît.


Il est difficile de dire tout ce que les marins malgaches apportent comme intérêt et comme agrément aux croisières effectuées dans leurs eaux.
Notre " matilo", Monsieur Roger – ce prénom est son entier etat-civil – est à la fois
- musicien, ancien guitariste du groupe « Mikado » et inlassable fileur d’accords, aux accents souvent orientaux, comme ceux des joueurs de valiha.
- il est aussi pêcheur, expert en leurres et ramenant la ligne a grande brassées quand il a bloqué la canne !
- navigateur, connaissant à l’ancienne, sans carte un grand nombre de mouillages, de vents et de routes ;
- équipier, avec des réflexe appris sur les boutres : il sait faire virer le bateau, parfois retif à passer sur l’autre cap, comme tout les catamarans, en tenant a bras le corps l’immense foc a contre.
-cuisinier, sachant adapter salades et ragoûts au goût des vahaza sans perdre le parfum malgache.
J’en oublie. Tout cela avec flegme et beaucoup de talent. Il ne parlait pas français, je ne parlais pas sakalave ; nous avons fait pas mal de progrès
Sacré Roger ! Les clients ( et clientes) de Bilitis l’adorent, le comblent de compliments à leur départ… à défaut hélas de pourboires. Peut être ne veulent ils pas le froisser, tant il a montré de gentillesse et d’esprit de camaraderie. Grossière erreur !
Oh, jeunes passagers fortunés ! N’oubliez pas qu’a Madagascar le plus sincère des merci passe par un gentil billet.

lundi 1 septembre 2008

Nosy Faly, l'île contente


Faly en malgache veut dire content, heureux... Nosy Faly, à l'est de Nosy Bé est une île bien nommée.
Quel plaisir de la voir grandir doucement, puis de plus en plus vite car le taliho nous fait surfer à quelques 14 noeuds. La côte de Nosy Faly est basse et boisée, et se détache sur un fond de hautes montagnes.
Le vent nous fait réduire la voilure avant d'embouquer le chenal quasi invisible du large. L'accès se fait entre des roches assez traitresses pour qui ne les connaît pas, et c'est ensuite un lagon vert, paisible parcouru de nombreuse pirogues agiles et rapides sur leur voile tendue par deux perches.
On mouille dans le passage étroit qui sépare Nosy Faly au sud d'un péninsule rattachée à la Grande Terre, où une 404 bâchée, solitaire sur la rive, témoigne de l'existence d'une piste. Mouillage en deux temps, d'abord dans l'anse face au petit village d'Antafianabotry, qui accueille "beaucoup de boutres" comme son nom l'indique, pour pouvoir le visiter tranquillement. Puis dans le chenal, pour y dormir sans souçi car l'anse assèche a la basse mer, et qu'un orage menace.
Au matin, après avoir pêche une sorte de murène féroce et pleine d'arêtes, nouveau mouillage sur la cote ouest de l'île, avec à la clé une belle ballade sur la crête vers un petit village isolé.
On tarde u peu trop ... et le retour se fait aussi musclé que l'aller, vface au m^me vent de l'apres midi, mais qui nous est défavorable cette fois ci. Il aurait fallu monter vers les Mitsio pour en profiter ! On rentre vers Hell Ville, la capitale de Nosy Bé, et ses lumières longeant un porte conteneur vivement eclairé qui décharge sur des allèges, on mouille pour la nuit dans le fond de la rade, face à la boîte de nuit du Vieux Port et ses gurlandes d'ampoules : le vent nous porte sapiky ségas et salégy. On se croirait presque dans un port de la côte d'Azur... La civilisation a son charme, quand on rentre content de Nosy Faly.