lundi 21 juillet 2008

Nosy Mamoko


Nosy Mamoko, au fond de la baie d’Ampasindave, à 30 milles de Nosy Bé, c’est une île sacrée. Elles le sont toutes par ici, a des degrés divers, certes ; mais celle-ci, outre des tombeaux de reines, héberge des tortues terrestres –introduites par l’homme, comme d’ailleurs les lémuriens, vu la taille exigüe du « biotope » – et qui sont protégées par des interdits puissants.

Nosy Mamoko offre un mouillage sûr, entouré de forêts, dans des eaux d’un vert sombre entre l’île et la Grande terre. Quasi-sûr du moins : le chenal était l’autre nuit parcouru par une série de coup de vents. Nous aurions du mouiller plus près du rivage de Mamoko. On devrait, on pourrait toujours mouiller plus près du bord, avec un bateau tel que Bilitis.

A terre, on rencontre les habitants, cinq ou six familles, dont plusieurs pêcheurs de « dinga dinga », les holothuries ou concombres de mer, qu’on ne trouve plus que par des fonds de plus de vingt mêtres. L’un d’entre ces pêcheurs est le zandry, le petit frère de Roger, notre matelot. Pourtant il semble plus vieux que lui de dix ans. La plongée l’a marqué, buriné.
La pêche au Dinga-dinga est usante, peu rentable. 4 euros sont payés par le collecteur chinois au bourg d’Ambanja , pour un kilo de ces vilaines bêtes séchées. Les holothuries hélas sont menacées de disparition. Combien de plongées en apnée, à la limite de l’asphyxie, combien de brusques remontées pour récolter ce mol animal gorgé d’eau qui desséché ne doit pas peser plus d’un dixième de son poids vif. Dans la nuit on voit au loin les puissantes lumières d'un grand crevettier qui vient ratisser les fonds, sans doute en enfreignant la loi car les licences de peches côtière ontété supprimées.

Apres Mamoko, cap sur la grande terre, le lendemain. A 7 h, on léve l’ancre. Nul n’empêche nos passagers de rester dans leurs couchettes ! mais le paysage des hautes montagnes mauves au loin, des collines vert sombre qui nous entourent, et de l’eau moirée comme celle d’un lac, est irresistible. Tellement ample et serein.
On mouille pour la matinée à l’embouchure d’une rivière sans nom, ouvrant son éventail de sable au pied de hautes collines . Un tout petit village est dominé par une cascade. On s’y baigne, sous les regards intéressés d’un femme du village sortie exprès de sa case, au regard insistant . Roger, peu rassuré, pense qu’il doit s’agir d’une sorcière. On visite le jardin de M. Christian, qui porte un grand chapeau et cultive des fleurs a foison. Puis on marche en forêt le long d’un sentier offrant des vues superbes sur la côte et les îles. Roger donne des explications sur les nombreuses plantes médicinales.Sur la carte, la grand route côtière n’est qu’a vingts kilomètres, mais le sentier s’arrête , la forêt est impénétrable. On ne circule qu’en pirogue, par ici. Sorcière, enchantements, remèdes, rois du temps passé : les îles de Nosy be ne sont pas un conte de Perrault, la réalité y est parfois rude, pour les pêcheurs de Dinga-dinga par exemple... Mais quelle splendeur dans cette nature hors du temps.